Les maladies fongiques invasives sont des infections graves causées par des champignons pathogènes. Elles touchent un large éventail de patients et sont un sujet de préoccupation pour la communauté médicale. En effet, elles sont parfois difficiles à diagnostiquer et parfois résistantes aux traitements. Il est aussi important de considérer ces maladies dans le contexte de la pandémie de COVID-19, car elle peut représenter un facteur à risque d'infections fongiques.
Les infections fongiques invasives sont des maladies dues à des champignons pathogènes. Parmi les maladies fongiques les plus fréquentes, on compte :
La candidose invasive[1] qui comprend les infections causées par des champignons du genre Candida. Les champignons Candida font partie de la flore habituelle chez l’humain de l'oropharynx ou du tube digestif et peuvent aussi être présents en faible quantité dans la flore vaginale normale. Ils peuvent provoquer des infections en cas notamment de diabète, de pancréatite ou de perforation gastro-intestinale. Une candidose peut aussi se déclencher suite à un séjour de longue durée à l'hôpital, une intervention chirurgicale majeure ou en cas d’état septique du patient.
L'aspergillose invasive[2] qui comprend les infections causées par des champignons du genre Aspergillus. Les champignons Aspergillus sont présents dans l'environnement humain, notamment dans les plantes, les fruits, la poussière ou l'air. Ils peuvent provoquer des infections chez l’humain, avec un taux de mortalité élevé, en cas notamment d’hémopathie maligne ou de maladie granulomateuse chronique. Uneaspergillose peut également toucher des patients ayant subi une transplantation d’organe ainsi que les personnes en chimiothérapie ou en traitement prolongé avec des corticoïdes. Une forme avancée de Sida[3] ainsi qu’une forme sévère de COVID-19[4] comptent aussi parmi les facteurs à risque de la maladie.
La mucormycose[5] qui comprend les infections causées par des champignons du genre Mucorales. Les champignons Mucorales sont des champignons présents dans le sol et dans de nombreux aliments[6]. Ils peuvent provoquer des infections chez l’humain en cas notamment de diabète, d’hémopathie maligne, de neutropénie sévère. Unemucormycose peut également toucher des patients ayant subi une transplantation de cellules souches ou d’organe ainsi que les personnes en chimiothérapie ou immunothérapie contre le cancer[7]. Une forme sévère de COVID-19 compte aussi parmi les facteurs à risque de la maladie[8].
Les patients COVID-19 qui développent un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) sont à risque élevé d'infections fongiques invasives. On observe, par exemple, chez les personnes admises en soins intensifs des cas d’aspergillose pulmonaire associée à un COVID-19 de forme grave (appelé “COVID-19 associated pulmonary aspergillosis” en anglais).[9]
Certaines maladies fongiques sont difficiles à diagnostiquer. Si elles ne sont pas prises en charge assez tôt ou avec le bon traitement, elles peuvent entraîner des formes graves, voire potentiellement mortelles. Pouvoir reconnaître les symptômes est donc primordial : avec le bon diagnostic, le plus tôt possible, les patients peuvent être traités plus rapidement de la bonne manière. Voilà pourquoi une sensibilisation accrue aux maladies fongiques est essentielle à des soins appropriés.
Comment savoir quand une personne malade est atteinte d’une infection fongique invasive ? Si elle est traitée avec des médicaments pour un autre type d'infection et qu’elle ne guérit pas, cela peut-être un indice[10]. En effet, lorsque les symptômes d'infection ne s'améliorent pas avec le traitement, il se peut qu’il s’agisse en réalité d’une infection fongique.
Comme pour les autres types d'antimicrobiens, la résistance aux antifongiques est une menace croissante[11]. Cette résistance survient lorsque les champignons pathogènes qui évoluent au cours du temps ne répondent plus aux médicaments. Dans ce cas-là, les champignons peuvent limiter considérablement les options de traitement pour les patients. En effet, en cas de résistance aux antifongiques, la prise en charge des infections peut se révéler plus complexe et le risque de propagation ou de forme grave peut augmenter.
La gestion antifongique (AFS) mobilise ainsi fortement la communauté médicale. Un effort coordonné est indispensable pour sélectionner les thérapies antifongiques appropriées et surveiller leur utilisation pour aider les patients et réduire la résistance aux antifongiques.
La Semaine de sensibilisation aux maladies fongiques, intitulée “Think Fungus”, se déroule chaque année au mois de septembre. Elle souligne l'importance de reconnaître les maladies fongiques graves suffisamment tôt pour fournir un traitement rapide et adapté.
[1]Pappas P, et al. Nat Rev Dis Primers. 2018;4:18026.
[2]Gao Y and Soubani A. Adv Respir Med. 2019;87(6):231–43.
[3]Pasquier G, et al. Mycoses. 2021. [Epub ahead of print].
[4]Cornely O, et al. Lancet Infect Dis. 2019;19(12):e405–21.
[5]Serris A, et al. J Fungi (Basel). 2019; 5(1):23.
[6] Ibrahim AS, et al. Clin Infect Dis. 2012;54(Suppl. 1):S16–22.
[7]Sharma S, et al. J laryngol Otol. 2021;135(5):442–7.
[8]Arastehfar A, et al. J Fungi. 2020;6:91.
[9]https://www.cdc.gov/fungal/awareness-week.html
[10]Barnes R, et al. J Antimicrob Chemother 2019;74(Suppl. 2):ii21–ii6